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Mon hommage à Robert Vidoudez
Chaque adolescent a besoin de maîtres forgerons pour se construire.
Au lycée d’Antony, Monsieur Vidoudez , Tatos(*) et Madame Charron(**) ont composé mon triptyque fondateur.
En ce temps-là, au début des années soixante du lycée d’Antony, les trois heures hebdomadaires de cours de gymnastique se déroulaient autour des baraquements préfabriqués, et les deux heures de plein-air au parc Heller, de l’autre côté d’Antony.
Garnements pubères, nous étions surtout des Kopa, Piantoni et Just Fontaine, plein d’émois pour nos grands rémois auréolés du bronze suédois.
Monsieur Vidoudez va nous tanner le cuir, pour que nous ovalisions nos regards vers Albadejo, Lacroix, les frères Boniface, Darrouy, Dedieu et qu’on sort.
Et il réussira à imprimer en chacun de nous à l’encre indélébile ces valeurs fondamentales : respect, altruisme, loyauté, opiniâtreté.
Monsieur Vidoudez, professeur de gym
Au temps où l’EPS s’appelait « gym », notre lycée était particulièrement bien loti en équipements. Chacun pouvait s’adonner au basket, au saut en longueur, au handball, and so and. Mais à nous, les rugbymen possibles, Monsieur Vidoudez confiait une bouchigue ou deux pour aller nous exploser sur le terrain vague qui s’étendait alors entre le portail du lycée et le passage à niveau de Wissous.
Petit à petit, Monsieur Vidoudez composa ses équipes, minimes, cadets, juniors.
Les lendemains de match, il nous accordait sans barguigner une dispense occulte aux courbatus qui pouvaient ainsi faire leur devoir de mathématique ou la dissertation à remettre à l’heure suivante.
Vous comprendrez alors que Monsieur Vidoudez fût le meilleur prof de gym qu’on ait connu.
Monsieur Vidoudez, entraîneur de rugby
Nous jouions « à domicile » à Choisy-le-Roi, à proximité du carrefour Pompadour La puissante A86, n’était alors qu’une nationale provinciale, accotée d’une piste cyclable.
Vidoudez, avec une douce autorité incontestée, a su constituer un vrai groupe avec une troupe de galopins disparates qui, sans contraintes aucune, se rendait aux rendez-vous des matchs, quels que soient les intempéries et l’éloignement. Je ne me rappelle pas une seule fois en 5 ans, que nous ayons dû déclarer forfait. Au contraire, Vidoudez n’hésitait à « prêter » l’un de nous à une équipe adverse déficiente, pour que le match se passe de façon équilibrée, même s’il s’agissait de nos rivaux préférés : Lakanal ou Michelet. Belle leçon de sportivité et de respect, qu’aucun de nous n’a oubliée.
En points d’orgue, il y eût cette tournée réussie à Orléans, puis, en 65, la grande finale de l’Académie de Paris où Monsieur Maillac assista à la victoire de son cher « rubi » dont notre Vidou fût le grand artisan.
Vidou, mon prof, mon entraîneur, je souhaite que nos successeurs puissent, comme nous, se référer à un homme de ta trempe. Un grand merci à toi.
Alain PHILIPPOT (1960-1966)
(*)Père Bernard Feillet, aumônier du lycée d’Antony, organisateur de sports d’hiver en Suisse, à Noël.
(**)Prof de Math, non gréviste, à qui je dois mon amour des mathématiques
Post-Scriptum en forme d’amende honorable :
On parle beaucoup aujourd’hui de « l’amour du maillot ».
Mon maillot de rugby, je l’aime tellement que je vis avec lui un bonheur sans nuages depuis 45 ans.
Le jour des noces d’argent, mon épouse m’a dit : « C’est moi ou ton maillot ! »
Depuis je vis seul.
Mais maintenant que Vidou me surveille dans ses nuages, je sais qu’il attend la restitution légitime de MON maillot, ainsi que je lui promis mille fois.
C’est dit : à la prochaine assemblée générale de l'AAELDA, je remettrai en solennité mon maillot au cours d’une cérémonie dont le faste fera passer les Oscars pour la fête de fin d’année de l’école maternelle de Ballancourt.
L’odeur de ce maillot culte, chargé des exsudations fossiles de l’âge juvénile, fera pleurer l’assistance d’émotion ou d’acidité volatile.
Ce texte est exonéré de droits d’odeur.